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Enquête Sumer : à quoi les salariés sont-ils le plus exposés depuis 20 ans ?

Mise en ligne 17/09/2019 Actualités Emploi Santé et travail

L’exposition à un produit cancérogène reste encore élevée dans notre pays. Celle aux agents biologiques a augmenté. L’intensité du travail s’est également accrue depuis 20 ans. Et le bruit reste une contrainte importante pour les salariés du privé. Aides-soignantes, « travailleuses familiales » coiffeuses, font partie des métiers les plus exposés. Le secteur de la construction et des services sont parmi les plus à risque. Les ouvriers qualifiés sont poly-exposés notamment aux cancérigènes, aux substances chimiques et au bruit. Le tertiaire et les cadres sont notamment affectés par l’intensité du travail qui ne s’est pas réduite…

Dares
La Direction de l’animation de la recherche, des études et de statistiques (Dares) du ministère du Travail vient de publier les premiers résultats de l’enquête Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels  (Sumer) pour l’année 2017.

Sumer
L’enquête a été réalisée par 1 200 médecins du travail auprès de 26 500 salariés du secteur privé et agents de la fonction publique (hospitalière, territoriale et de l’État). Durant cette enquête, les médecins ont rempli, avec le salarié, pendant l’examen médical, un questionnaire sur les expositions professionnelles. Ils se sont appuyrés également sur leurs propres connaissances du poste de travail pour les expositions aux risques physiques, chimiques et biologiques. L’enquête dispose également d’un auto-questionnaire que le salarié remplit seul et qui porte sur le vécu de sa situation de travail.

Cancérigène
Depuis 2010, l’exposition à au moins un produit cancérogène concerne encore plus de 1,8 million de salariés. En 2017, les travailleurs les plus touchés sont toujours ceux de la construction (31 %) et les ouvriers qualifiés (30 %). Dans le même temps, on s’aperçoit que des campagnes menées par des lanceurs d’alerte ont porté leurs fruits : le nombre de salariés exposés au perchloroéthylène et au trichloroéthylène diminue fortement, en lien avec les évolutions réglementaires et technologiques, dont la suppression du perchloroéthylène dans les pressings.

Biologique
Sur les vingt dernières années, le signalement des expositions à des agents biologiques a augmenté. Selon la Dares, il faut rapprocher cette constatation de la survenue de la pandémie grippale de 2009. Elle a « conduit à ce qu’une majorité de préventeurs et d’entreprises soient sensibilisés aux repérages des risques biologiques ». Sont concernés surtout les aides-soignants, les « aides à domicile, aides ménagères, travailleuses familiales », qui ont été les plus exposés en 2017 (46 %) et qui connaissent la plus forte hausse (+ 21 points par rapport à 2003).

Intensité du travail
L’intensité du travail a augmenté. Si les contraintes de rythme on légèrement diminué entre 2010 et 2017, elles restent à un « niveau élevé ». Environ un tiers des salariés subissent toujours au moins 3 contraintes de rythme marchandes ou machiniques (à savoir le déplacement automatique d’un produit ou d’une pièce et/ou la cadence automatique d’une machine, la dépendance immédiate vis-à-vis du travail d’un ou plusieurs collègues, des normes de production ou des délais à respecter en une journée au plus, une demande extérieure obligeant à une réponse immédiate, les contrôles ou surveillances permanents exercés par la hiérarchie, un contrôle ou un suivi informatisé) : les ouvriers et les cadres en sont les premiers affectés. Parmi les secteurs les plus touchés, l’on compte le tertiaire (+ 6 points entre 1994 et 2017).

Bruit
L’enquête Sumer compte aussi quelques « bonnes » nouvelles. Ainsi, la plupart des expositions des salariés aux contraintes physiques ont baissé entre 1994 et 2017... A l’exception du bruit. Les expositions à des nuisances sonores, ponctuelles ou régulières, concernent plus d’un tiers des salariés (32 %) en 2017. La part des salariés concernés est en hausse dans tous les secteurs entre 1994 et 2017, notamment dans la construction (+ 19 points).

Chimique
Les salariés sont également un peu moins exposés à une substance chimique, soit un tiers, tout de même, en 2017. Cette année-là, 46 % des employés de commerce et de services était exposés (+ 7 points depuis 1994) à des produits de nettoyage et désinfection. « 19 % des employés de commerce et de services sont exposés à l’eau de Javel et aux ammoniums quaternaires. L’exposition aux persulfates concerne 4 % de cette catégorie socioprofessionnelle, notamment du fait des métiers de la coiffure»  13 % des salariés sont exposés à au moins un solvant,  la part des salariés concernés augmente entre 1994 et 2017 dans la construction (+ 4 points) et le tertiaire (+ 3 points) et pour les employés de commerce et de services (+ 11 points). Les salariés les plus exposés sont les ouvriers qualifiés (un sur quatre en 2017).
La multi-exposition, à savoir l’exposition à au moins 3 produits chimiques, concerne 15 % des salariés en 2017. Elle diminue fortement dans l’agriculture depuis 1994 (- 11 points), tandis qu’elle augmente de 11 points pour les ouvriers qualifiés, qui sont les plus concernés (33 % en 2017).

Tension
Enfin, la tension au travail se stabilise à un niveau élevé. La Dares note que des risques psychosociaux importants perdurent. Mais dans le même temps, près de 9 salariés sur 10 se déclarent satisfaits dans l’ensemble de leur travail, proportion stable depuis 2003.

Prévention
Point important depuis la dernière réforme du code du travail : les médecins du travail qui ont participé à l’enquête Sumer de 2017, estiment que près d’un salarié sur deux est couvert par un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ou assimilé au niveau de l’établissement. Ce chiffre est en hausse par rapport à 2010 (+ 4 points). En 2017, près de 60 % des salariés disposent dans leur établissement d’un document unique d’évaluation des risques (DUER), dont plus des deux tiers ont été élaborés ou mis à jour au cours des 12 derniers mois. A rapprocher des chiffres publiés récemment par la même Dares qui affirmait que seuls 45 % des employeurs ont mis en place ou actualisé leur document unique d’évaluation des risques professionnels.

Premiers résultats de l'enquête Sumer 2017, publiés par la Dares.

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