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Etats-généraux de la santé au travail

Mise en ligne 25/03/2016 Actualités Santé et travail

Les états généraux de la santé des travailleurs et des travailleuses se sont déroulés les 16 et 17 mars dernier à la Bourse du travail à Paris. 500 personnes se sont jointes aux débats participatifs alors que les organisateurs en attendaient moitié moins. « La santé ne se négocie pas », on d’abord rappelé les orateurs. « Trop souvent, le travail isole, contraint, angoisse, rend malade. C’est un problème de santé publique », a martelé Marie Pascual, médecin du travail à la retraite. « Seule une résistance collective peut s’opposer à cet état de fait qu’on tente de nous imposer », a-t-elle poursuivi. En effet, si les pouvoirs publics prônent la prévention, ils détruisent en même temps la protection sociale !

Craintes

Et quel meilleur exemple que la loi Travail qui enflamme les débats actuellement, pour illustrer les craintes des salariés sur leurs futures conditions de travail ? Alexandra Soumeire du Syndicat des avocats de France a dressé un tableau inquiétant de ce que pourrait être la santé des travailleurs si l’avant projet de la ministre du Travail était voté en l’état. « Ce projet va modifier le rythme de travail des salariés et leur vie de famille. Ils seront de plus en plus à la disposition des employeurs », s’inquiète-t-elle avec des périodes plus ou moins intenses, sans paiement d’heures supplémentaires. Ils pourront être amenés à travailler plus de 40 heures par semaine par accord d’entreprise sur 3 ans (au lieu d’un an aujourd’hui). Cette professionnelle pointe du doigt des bouleversements des rythmes du travail. Elle s’inquiète aussi de l’absence de surveillance du travail de nuit et de l’affaiblissement des institutions représentatives du personnel comme le CHSCT dont les expertises pourraient être bloquées. Sa consœur, Élodie Touaillon-Hibon n’est pas plus optimiste. Elle liste les dangers à venir : la nouvelle réforme des maladies professionnelles risque de rendre leur reconnaissance encore plus compliquée ; la procédure d’inaptitude échappera à la responsabilité des employeurs et reposera sur les épaules des médecins du travail ; la notion d’emploi va être remplacée par la notion de poste rompant ainsi le lien entre le salarié et son emploi et compliquant son reclassement ; la médecine du travail est en danger, dans de nombreux cas ce sont des infirmiers qui assureront la visite médicale ; il n’y aura plus de visite régulière ; l’avis des médecins du travail sera contestable devant les Prud’hommes, autant dire que les salariés devront suivre un parcours du combattant. Enfin, l’avocate a conclu son intervention en citant le Premier ministre grec : « avec ce projet, la France va ressembler à la Grèce », en faisant allusion à l’état déplorable des travailleurs grecs aujourd’hui. Sans préjuger de la suite donnée à cet avant-projet, APE continuera à suivre l’évolution de cette future loi qui n’a pas fini de faire parler d’elle et d’inquiéter.

Crédit : © PLuton2016

 

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