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Travailleurs handicapés : de sérieuses craintes pour l’emploi

Cheops a présenté de bons chiffres en 2019 : l’emploi des travailleurs handicapés a connu un léger mieux. En 2020, gare à la crise post covid-19

Cheops
En 2019, le réseau Cheops a notamment réalisé 84 658 placements et accompagné près de 180 000 personnes et plus de 116 000 employeurs. En outre, « la création d’activité qui avait déjà connu une forte avancée en 2018, poursuit sa belle progression » (2 119 créations d’activités, + 16,1 % par rapport à 2018). Cheops (Conseil national handicap et emploi des organismes de placement spécialisés) représente les Cap emploi auprès des pouvoirs publics, des décideurs économiques et des partenaires sociaux. Il a présenté, mercredi 8 juillet 2020, ses chiffres-clés pour l’année écoulée. Des chiffres en cohérence avec une légère embellie pour les travailleurs handicapés, saluée l’année passée.

Bons chiffres en 2019
En effet, le nombre de demandeurs d'emploi en situation de handicap a diminué pour la première fois plus vite que le tout public (-4 % sur un an contre -3 %) et est passé fin 2019 sous la barre des 500 000 inscrits en catégories A-B-C, indique le site internet de Cheops. Néanmoins, les travailleurs handicapés au chômage restent encore deux fois plus nombreux que les travailleurs valides sans emploi. En outre, les personnes handicapées restent fragilisées sur le marché du travail du fait notamment d'un âge élevé (la majorité est âgée de plus de 50 ans). Elles pâtissent d'un chômage de longue durée qui continue de progresser avec une ancienneté moyenne d'inscription supérieure à 850 jours.

2020, gare à la crise post covid-19
Mais, ce qui préoccupe désormais les acteurs de l’emploi des personnes handicapées, ce sont les effets de la crise économique et sociale post-confinement. Durant le confinement, Cheops indique avoir accompagné 68 000 personnes à distance. Ses locaux ont rouvert progressivement le 11 mai. La perspective de la crise économique et sociale, en plus de la crise sanitaire, fait frémir. L’enquête de l’Ifop pour l’Agefiph montre que les personnes en situation de handicap anticipent la vague. Elle illustre l’inquiétude du public handicapé. 54 % s'inquiètent pour leur emploi. 70 % s’attendent à voir leurs conditions de travail dégradées. Déjà, durant le confinement, seule un peu plus de la moitié des personnes sondées estimaient que leur handicap avait été pris en compte. Et 54 % soulignaient que leur entreprise n’avait pas aménagé leurs conditions de travail quand elles étaient en télétravail.


Sérieuses craintes pour l’emploi

« "La dégradation de l’emploi s’est concentrée sur les plus précaires", souligne l’Insee » citée par notre consoeur du Monde. Or, la population handicapée est majoritairement peu qualifiée et l’intérim, qui s’est littéralement effondré en mars, "est un de nos leviers de retour à l’emploi", précise Mme Cappelle », déléguée générale de Cheops. « On n’a paradoxalement pas noté de hausse du nombre de demandeurs d’emploi fin mars (489 000). Mais on s’y attend pour septembre. Le risque de perte d’emploi sera important ; certains vont s’enkyster dans le chômage de longue durée ; et l’entrée sur le marché du travail sera plus difficile », affirme Véronique Bustreel, la directrice de l'innovation, de l'évaluation et de la stratégie de l’Agefiph, dans ces colonnes.

Travailleurs handicapés
Le réseau Cheops rappelle les dates-clés de la rentrée : Duo day : le 19 novembre durant la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) du 16 au 22 novembre. Sans oublier la réforme en cours sur le rapprochement Cap emploi/ Pole emploi à suivre de près compte tenu du changement de gouvernement le 6 juillet (Muriel Pénicaud a cédé sa place à Elisabeth Borne). A ce stade, l'on attend encore la désignation ou le maintien (ou non) d’un ou d’une secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées.

Pierre Luton
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