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Sérieusement fun

Stéphane Hessel : le temps est l’allié de ceux qui se battent !
A part entière publie une archive de Stéphane Hessel qui fait écho à la crise actuelle. Alors que Daniel Cordier et Noëlla Rouget disparaissent à leur tour.
Stéphane Hessel
Il y a 9 ans, en 2011, Stéphane Hessel avait salué les 90 ans de notre association en partageant ses convictions et ses espoirs. Contemporain de la Fnath, cet ancien diplomate et résistant, disparu en 2013, à 95 ans, s’était fait connaître du grand public en publiant un opuscule à grand succès « Indignez-vous » (Éditions Indigène). Son accession au rang de sage écouté, médiatisé, et même espiègle, avait notamment permis de rappeler le lien entre l’histoire de ses parents et le film de Truffaut Jules & Jim.
Le temps est l’allié de ceux qui se battent !
Dans nos colonnes, Hessel, s’était écrié : « les crises qui paraissent insolubles, oui, finissent toujours par se résoudre ! » Étonnamment, le parallèle entre 2011 et 2020 a touché la Rédaction : l’on subissait une grave crise économique et sociale. L’on sortait juste d’une autre réforme houleuse des retraites.
Cordier et Rouget disparaissent à leur tour
Avec cet hommage à rebours, À part entière inaugure l’année du centenaire de la Fnath. Multiples raisons de republier ces propos qui font écho à notre temps présent. Et à l’heure où les derniers témoins de cette époque disparaissent comme Daniel Cordier, le secrétaire de Jean Moulin, et la résistante française Noëlla Rouget.
1919 : Naissance à Marseille du Comité central de défense et d’intérêt des mutilés du travail. 1920 : choix de la Fédération nationale des mutilés du travail (FNMIT) comme nom pour ce nouveau mouvement. 1921 : 15 et 16 octobre, la Fédération des mutilés du travail (ancêtre de la Fnath) est officiellement créée. Photo d’une manifestation en 1925.
Comment décrivez-vous l’époque dans laquelle nous vivons ?
On vit un moment de l’histoire où l’on rencontre une inquiétude assez générale. On se souvient des manifestations contre les retraites à l’automne 2010. Sans oublier la crise. Quand j’ai rédigé mon petit livre, nous pensions surtout, mes éditeurs et moi, à ces grandes valeurs de la Résistance et de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme qui ne semblent plus former le socle des projets d’aujourd’hui. Nous faisons face à ces défis : affreuse pauvreté, grande richesse, écarts croissants de richesses, injustices sociales...
Régressons-nous selon vous ?
Il faut dire que nous constatons un recul qui, selon moi, ne date pas de plus d’une vingtaine d’années. Il est l’effet d’une modification de l’économie globale qui a conduit notamment à cette crise. D’un côté, certains peuvent choisir l’indifférence, de l’autre, d’autres se sentent découragés. C’est contre ces deux attitudes que nous essayons de lutter !
Pensez-vous que les personnes handicapées soient déconsidérées, surtout en ces temps de crise ?
On comprend bien que ce sujet ne « rapporte pas ». Pourtant, plus des personnes vivent une situation difficile, plus elles méritent notre sympathie… Ceux que l’on considère à la marge sont les victimes de cette farce.
Ressources, accrocs à l’accessibilité, inégalités d’accès aux soins...
Oui, autant de raisons de s’indigner ! C’est sans doute un peu simple, je l’admets, mais rien ne marche comme on le voudrait et comme les dirigeants s’étaient engagés à le faire ! Mais après s’être indigné, il ne faut pas se laisser décourager. En se mettant ensemble, les peuples peuvent faire pression sur leur gouvernement. On peut faire progresser les questions qui se posent aujourd’hui : c’est vrai pour la pauvreté, la Sécurité sociale, pour les personnes handicapées, pour la Terre... Les gens devraient se dire : « l’État c’est nous ! » On a vu des peuples considérer que leurs dirigeants faisaient ce qu’ils pouvaient jusqu’à ce qu’ils en concluent qu’ils étaient mal gouvernés. C’est là que ça bascule en général...
Vous-même, restez-vous optimiste ?
Sur le court terme, je ne suis pas optimiste. Nous sommes encore très bloqués. Je pense qu’il existe des amorces intéressantes… Nous qui avons connu l’Occupation, assisté à la fin de l’apartheid... nous savons que les problèmes qui paraissaient insolubles finissent par se résoudre. Le témoignage du « petit vieux » que je suis peut être un témoignage de confiance et d’espoir.
Vous êtes en train de nous dire qu’il faut avoir confiance dans le temps ?
Oui tout à fait !
En témoigne notre combat depuis 1921 pour grignoter la loi de 1898 et obtenir enfin la réparation intégrale...
Oui, il y a de quoi être déçu quand on n’obtient pas tout de suite ce à quoi on a droit. Mais il faut s’accrocher, recommencer, cela viendra !
Propos recueillis par Pierre Luton (octobre 2011, numéro 283, hors-série spécial 90 ans, extraits).
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