Parler différemment !
Mathias Raumel : « Et là tu te sens vraiment vivant ! »
« C’est la course d’un jour »
Les Jeux paralympiques ont pris fin le 18 septembre dernier à Rio. Les athlètes français terminent ces Paralympiques à la 12ème place avec 28 médailles, dont 9 d’or. Le triathlon y a fait son entrée parmi les disciplines paralympiques. C’est donc un champion de triathlon qu’a rencontré APE : Yannick Bourseaux, arrivé à la 5e place finalement le 10 septembre dernier au fort de Copabana.
Comment avez-vous accueilli la décision d’inclure le triathlon
dans les disciplines paralympiques ?
Cela a fait tilt dans ma tête ! J’ai appris cette décision en décembre 2010 alors que j’étais en stage avec l’équipe de France de ski de fond. C’était une super surprise car, à cette époque, je pensais que le triathlon ne deviendrait jamais une discipline paralympique. Je me suis dit qu’il fallait que je sois présent à Rio en 2016. Le triathlon ce sont vos premières amours… mais vous aviez dû y renoncer ! En effet, j’avais dû me tourner vers le biathlon et le ski de fond handisport…
Pourquoi le triathlon a-t-il été intégré si tardivement ?
Le paratriathlon n’était pas suffisamment structuré et encore peu développé dans le handisport. Il n’avait pas sa place aux Jeux. Aujourd’hui, il a toute sa place, même si nous serons encore peu nombreux à Rio puisqu’il n’y aura que 60 paratriathlètes au départ. Dans ma catégorie (PT4) nous sommes 11.
Comment se déroule cette épreuve ?
Comme un triathlon valide ! On nage, on pédale et on court sans arrêt. Il est important d’être rapide, mais il faut aussi savoir passer d’une discipline à l’autre sans délai. On peut gagner une course dans
les transitions mais aussi la perdre…
Dans quelles circonstances avez-vous perdu l’usage de votre bras ?
J’étais en vélo à l’entraînement, en 2004, et j’ai raté un virage dans une descente. J’ai eu de la chance car je déplore « seulement » comme séquelle le fait que mon bras droit ne bouge plus très bien. J’avais pris un gros choc sur la tête et le pronostic était réservé. J’étais sportif de haut niveau à l’époque, mais je savais que je n’irai pas aux JO car j’étais faible en natation. Je pratiquais le triathlon depuis mes 14 ans.
Quel palmarès visez-vous ?
Si je sens l’épreuve, si je n’ai pas de pépin, si je fais mon meilleur temps, je dois être sur le podium. C’est la course d’un jour, elle requiert beaucoup de préparation et un zeste de chance.
Quelles sont les qualités requises ?
Surtout de l’endurance. Il faut aimer aller s’entraîner, se faire mal... Ma discipline exige de l’abnégation. Être triathlète c’est un « way of life » (un style de vie) : le trialthlète se lève le matin et va nager, courir, rouler, c’est son quotidien… La médaille est le fruit de beaucoup de travail, c’est sûr !
C’est une première pour vous…
Oui en ce qui concerne les jeux d’été, mais j’ai déjà participé à deux jeux d’hiver (Vancouver et Sotchi). Je ne pars pas complètement dans l’inconnu et je suis motivé comme un cadet. Il y a quelques temps j’envisageais de mettre un terme à ma carrière après Rio, mais je me rends compte que j’ai encore
envie. Tant que mon corps me permet de m’entraîner, je continue. La Fédération est derrière moi. Le jour où je ne performerai plus j’arrêterai.
Assiste-t-on à un tournant de la médiatisation des Paralympiques ?
Par rapport à Vancouver, en 2010, je sens que les Paralympiques ont pris une autre ampleur. De mon point de vue, on n’a plus rien à envier aux Jeux olympiques. Je constate également une reconnaissance de la part du public qui ne nous voit pas seulement comme des personnes handicapées sportives, mais surtout comme des sportifs de haut niveau. C’est très bien que les deux événements soient distingués non seulement parce que ce serait difficile de mener deux compétitions d’un tel niveau de concert, mais aussi parce que les Paralympiques sont des épreuves à part entières pour de vrais athlètes.
Propos recueillis par Pierre LUTON - creditphoto©PLuton2016
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